La vie paroissiale
À la fin de 1888, la population totale de la paroisse St-Janvier de Weedon était de 1876 dont 1164 étaient communiants, 712 enfants et 333 chefs de famille.
Au cours de cette année, 107 baptêmes ont été célébrés, 39 sépultures et 17 mariages.
Monsieur Joseph Morin a été élu marguillier de la paroisse St-Janvier pour remplacer monsieur F.N. Benoît sortant de charge.
Monsieur Moreau est encore l’organiste attitré paroissial. Lors des célébrations religieuses, le choeur est composé de N. Trahan, J. Tisdelle, F. Lemieux et Mlles Rosa Tanguay, Régina Tanguay et Amanda Beaudry.
La politique provinciale
Le 4 mars 1889, monsieur Picard, député du comté de Richmond-Wolfe, est intervenu auprès du gouvernement. Il lui demande s’il prévoit des droits de coupe de bois pour permettre de l’aide aux agriculteurs qui ont subi de grandes pertes à cause des fréquents mauvais temps subis au cours de l’hiver. Une réponse plutôt négative lui a été donnée lui précisant que chaque cas sera jugé suivant son mérite.
Il a aussi questionné le gouvernement concernant son intention d’accorder aux colons de la région de Sherbrooke comme il a été fait dans les régions de Québec, de Rimouski et de Chicoutimi, de l’aide dans l’achat de grains de semence. À cette intervention, l’honorable monsieur Rhodes ne lui a répondu que par une réponse très vague…
Le journal Le Pionnier souligne l’excellent travail de notre député pour défendre les intérêts du peuple. La population reconnaît qu’il ne travaille pas seulement pour se faire élire comme d’autres élus.
Le milieu des affaires
Monsieur Pierre Bouchard, ancien propriétaire de la scierie de Stoke s’est établi à 4 ½ milles de Lac Weedon où il exploite l’ancienne scierie de monsieur George Allen. Il reçoit l’appui de monsieur J. A. Camirand. Son usine possède déjà une bonne réserve de bois. Cette scierie est située sur la rivière Maskinongé.
Le 26 janvier 1889 fut une soirée extrêmement triste pour Antoine Trahan et sa famille, leurs immenses scieries et leur boutique de meubles situées sur la rivière St-François ont été complètement réduites en cendre. À huit heures, l’étage inférieur du moulin était tout embrasé. Les flammes activées par les ripes, copeaux, une grande quantité d’huile de vernis et de peinture ont progressé tellement rapidement qu’il fut impossible de sauver quoi que ce soit. En un instant, l’immense brasier jetait ses tristes lueurs au loin. Heureusement, l’absence du vent a permis de sauver le magasin, les résidences des propriétaires et nombre d’autres bâtisses érigés dans ce secteur. Les secours fournis par les habitants de Trahan Mills et de Weedon Station ont pu sauver une grande quantité de bardeaux, de planches et de madriers. Les dommages sont majeurs et d’élèvent à plus de 18 000 $ alors que les assurances ne couvrent les pertes que pour 2 000 $. De sincères condoléances ont été exprimées aux malheureuses victimes de ce feu. Cet immense incendie s’avère de très grandes pertes sur le plan industriel et sur le plan humain pour la municipalité.
Le village de Weedon sera prochainement doté d’une Cour de Circuit. On lit dans le Pionnier que des démarches entreprises soient sur le point de réussir. La municipalité construirait une jolie bâtisse qui servira de salle d’audience, d’hôtel de ville et d’école modèle.
Au cours du mois de mars, il est question dans le journal régional que la municipalité vienne au secours de monsieur Antoine Trahan au moyen d’un bonus pour l’aider à reconstruire son établissement.
Le 24 décembre 1889, devant la cour supérieure du District de St-François, à la demande du demandeur Napoléon P. Tanguay du Canton de Weedon et devant l’honorable Juge Brooks, il est ordonné aux créanciers de monsieur Antoine Trahan propriétaire de moulin à scie et commerçant de Weedon, de s’assembler devant lui à Sherbrooke le 15 janvier 1890, afin de nommer un Curateur à la suite de l’abandon judiciaire de ses biens. Il semble que ce sera la fin de cette aventure industrielle qui était si prometteuse pour tous.
Monsieur Charles Carignan, citoyen de notre municipalité depuis plusieurs années, a ouvert un magasin général dans l’ancienne propriété de Z. Fortin située près de la station.
Weedon est en essor. Mais, d’autres municipalités se développent aussi dans la région. En août 1889, on décrit Disraeli comme un joli village en pleine voie de progrès. Plus d’une quarantaine de maisons sont en construction. Les grands magasins de messieurs Rheault et Champoux n’ont rien à envier aux magasins des plus grandes villes. En homme d’affaires, monsieur John Champoux invite les alentours à venir visiter ses projets de développement.
Au début d’octobre, la crue des eaux a eu des effets néfastes à East Angus. En effet, l’estacade, qui retenait les billots dans ce village qui appartenaient à l’usine de cette compagnie, a été brisée par la force des eaux. Des travers de chemin de fer retenus et prévus pour la construction en direction de Hereford ont eu le même sort.
Les activités communautaires
Dans la fin de semaine du 7 septembre, la Société d’agriculture du Comté de Wolfe a tenu son exposition annuelle. Il est intéressant de voir les produits exposés et sur lesquels il y a concours. Des gagnants régionaux ont été identifiés. Voici une courte liste des produits : le blé, l’orge, le sarrasin, l’avoine, les patates, le blé d’Inde, les pois, le houblon, les navets, le tabac, le lin.
Les responsables et les juges viennent de milieux de langue anglaise. Il est signé par le secrétaire-trésorier de langue anglaise monsieur J. Cunningham. Par contre, nous reconnaissons des gens de langue française de Weedon auprès desquels le journal a reçu une demande de publiciser les noms. Voici les noms de plusieurs gagnants de notre patelin : Louis Patry, N.P. Tanguay, Norbert Lemay, Pierre Després, Trefflé Desmarais, J.E. Côté, Narcisse Péloquin, Augustin Lagassé, Raymond Fontaine, Père Pichet, Frank Benoît et Emmanuel Grenier.
Un concours est même organisé pour souligner les meilleurs jardins. Les gagnants sont en ordre d’importance, messieurs Augustin Lagassé, Louis Patry, Père Pichet, Raymond Fontaine, J.E. Côté et Emmanuel Grenier, tous de langue française et habitants de Weedon.
Décès, accidents et maladies
Le 31 mai, dame Mary Elgin, épouse de Magloire Demers cultivateur de Weedon, est décédée à l’âge de 48 ans suite à une maladie du coeur.
Faits divers
Curiosité pour la période de l’année, monsieur Narcisse Morin a tué le 5 janvier trois couleuvres longues d’une trentaine de pouces sur le chemin public à Lac Weedon.