La vie paroissiale
Au début de l’an 1909, la paroisse a rendu publique le recensement réalisé à la fin de décembre 1908 qui indiquait à Weedon 116 baptêmes, 13 mariages et 44 sépultures.
La population totale s’élève à 2082 dans 385 familles, dont 1250 communiants et 832 non-communiants. 503 enfants sont inscrits dans les écoles, 210 au couvent et 293 qui fréquentent les 11 écoles de la campagne.
En avril, Mgr l’évêque Paul LaRocque est venu visiter le couvent où il a dit la messe et fait une courte conférence à nos élèves.
À St-Gérard, la Fête-Dieu est célébrée comme chaque année. “Le parcours est pavoisé, décoré et mille drapeaux tricolores flottaient dans un beau ciel bleu; sur la place de l’église, du mât principal se balançait un immense pavillon Sacré-Coeur, autour flottait le tricolore, l’Union Jack, le pavillon papal et une foule d’autres ”. Le reposoir se situait à la résidence de monsieur J.-S. Croteau
Mlle Marie J. Bérubé qui était ménagère au presbytère de St-Gérard a pris mari en monsieur Joseph Desjardins. Le curé Roy de la paroisse a célébré le mariage de sa ménagère.
Cette année encore, les paroissiens de Lac Weedon fête leur patron, St-Gérard le 16 octobre, et ce, depuis, la fondation de la paroisse.
La paroisse St-Janvier de Weedon a un nouveau vicaire, monsieur l’abbé Couture de Sherbrooke. Il succède à l’abbé D. Biron qui a quitté à la mi-août.
La vie scolaire
En septembre, les deux écoles de St-Gérard sont ouvertes. Madame Victor Brunelle institutrice et Mlle Brunelle assistante enseignent au village et Mlle Albertine Champoux prend charge de l’école du rang IX.
Les affaires municipales et gouvernementales
Les gens de Weedon prennent plaisir à apprendre que « notre député provincial, M. N.-P. Tanguay, a vigoureusement pris la défense des colons à l’Assemblée législative ».
Les activités dans la communauté
Au mois de juin 1909, on fait mention de l’existence d’une fanfare dont le patron est St-Jean-Baptiste.
En juillet, on mentionne le nom de monsieur J. Perron, cornettiste de l’Union musicale de Weedon.
En 1909, monsieur McCrea de la Brompton Cie est venu à St-Gérard par affaires. Il est venu en automobile.
Jos Thisdell a de la visite de son frère Thomas de Chicago. Ce dernier a tué un daim de 700 livres au lac La Biche. Une belle histoire de chasse!
Les affaires dans nos villages
Environ 100 cordes de bois arrivent journellement à la nouvelle manufacture située à la station de Weedon et ouverte il y environ un mois.
En avril, devait se construire plusieurs maisons à Weedon Station. En effet, messieurs Herménégilde Tessier, L. Fréchette, Georges Daviau, Joseph Allard et J. Adam projettent de se bâtir.
M. Arthur Lagacé est venu de l’Ouest canadien pour passer un contrat avec monsieur McDonald pour vendre un droit de mine sur la terre qu’il avait vendue à J. St-Laurent. Il est retourné dans l’ouest après avoir signé ce contrat et avoir reçu 2 500 $. Une compagnie de New York est en voie d’acheter cette mine et de l’exploiter. Plus tard dans l’année, monsieur McDonald a obtenu des certificats de première classe pour son exploitation.
Le pouvoir hydraulique de Two Miles Falls est en contact avec une compagnie de mines et d’électricité qui a des projets importants de développement, entre autres d’exploiter une mine de cuivre et d’or. Ce même pouvoir veut demander des subsides gouvernementaux pour construire une ligne électrique pour desservir les localités de Weedon, Ham-Sud, Saint-Camille, Wotton et Danville. Monsieur Sylvestre de Ham-Sud serait le promoteur de cette entreprise tant désirée.
La compagnie Brompton Pulp & Paper construit un bateau de 75 pieds par 30 qui servira à charroyer les “cajeux” de billots de bois sur le lac Weedon. Certains ont suggéré que ce bateau porte le nom de St-Gérard. Malheureusement au début du mois de mai, il a été écrit qu’il a été lancé en bas des rapides avec succès sans baptême préalable. Le flottage du bois s’est fait lentement puisque le niveau de l’eau n’était pas suffisamment haut.
La fabrication de l’alcool de bois est en pleine opération et donne de l’emploi à un grand nombre de personnes. La compagnie a acheté environ 15 000 cordes de bois et a dépensé au-delà de 100 000 $ par an pour les travaux accomplis dans les chantiers.
Au printemps, les usines de la Canadian Chemical sont en pleine opération. Cette compagnie a fait exposer à Sherbrooke des échantillons d’un de ses produits : soit un premier lot de créosote médicinale fabriquée à Weedon. C’est une addition à la fabrication de la compagnie qui travaille l’alcool et le bois. Elle va se livrer à produire d’autres articles commerciaux, soit le goudron de bois qui ne servait jusqu’à présent qu’au chauffage, soit le charbon de bois.
Cette relance du travail est la même pour nos fromageries qui ont été rouvertes au début de mai.
Au printemps 1909 à Lac Weedon, les chemins sont impraticables et sont même dangereux en maints endroits dans notre municipalité. À la mi-avril, il n’était pas question ni de chemins d’hiver, ni de chemins d’été puisqu’il n’était pas possible de circuler avec les voitures à roues à cause des nombreux amoncellements de neige à certains endroits. Dans le journal Le Progrès du 7 mai, il est écrit “qu’il y a encore de la glace sur le lac Aylmer et plus de deux pieds de neige dans les bois. Et il neige encore ”. Suite à ce printemps tardif et à cause de la pluie, les cultivateurs ont commencé leurs travaux tard au mois de mai.
On apprend aussi qu’une requête est signée par les citoyens de Lac Weedon et présentée au ministre de la colonisation afin d’obtenir de l’argent nécessaire pour faire ouvrir un chemin de colonisation entre les cantons de Weedon et Stratford. Il partirait du Rang VI jusqu’à la limite du comté de Compton sur une distance de 4 milles. Cette demande insiste sur le fait que déjà ces chemins sont “à la porte du village et d’un chemin de fer ».
Bon nombre des travailleurs du Lac Weedon, sont partis faire le flottage du bois sur le haut St-François et ses tributaires pour le compte de la compagnie Brompton.
La succursale de la banque E. T. qui est ouverte une journée par semaine, prévoit le faire deux jours dans un proche avenir.
Monsieur Georges Belleau a donné une intéressante conférence sur “les rentes viagères des vieillards ” au village de Weedon.
À Lac Weedon au cours du mois de juin, monsieur Morin a fermé sa boutique de forge pour cause de santé. Avis à un bon forgeron qui cherche une place d’avenir.
Dame Beaubien, une fille de notre paroisse, part passer l’été dans l’Ouest canadien en Saskatchewan avec son mari, J.P. Beauregard, de Windsor Mills. Il y a établi un ranch.
Les affaires
À Lac Weedon, « notre scierie est enfin en opération » le 20 juillet. Des réparations ont occasionné l’arrêt de sa production pendant deux mois.
Une transaction d’une maison s’est faite au montant de 500 $.
Quinze mineurs sont à l’ouvrage, au début de septembre, dans les mines de fer, d’argent et de cuivre dans le rang II de Weedon. Les échantillons envoyés à New York ont été trouvés très riches. On s’attend à un avenir très prometteur à cette mine.
Une transaction a été réalisée à Weedon entre monsieur Lisée et Louis Fortin, du rang IX de Lac Weedon. Ce dernier a acquis le magasin et le stock de monsieur Lisée de Weedon-Centre.
En octobre, a eu lieu une autre importante transaction. Messieurs Euclide Foisy et Jean-Baptiste Galipeau ont acquis la fromagerie de monsieur Robert du Lac Weedon.
Au cours de ces années, les États-Unis attirent nos travailleurs. Deux résidents ont fait encan au mois d’octobre pour aller profiter des bons revenus chez nos voisins. Ce sont Georges Darveau et Alfred Biron. « Pourtant, l’ouvrage ne manque pas ici… dimanche dernier, monsieur Isaac Marcoux a fait crier à la porte de l’église qu’il avait besoin de 25 hommes pour ses chantiers et la compagnie Québec Central, 50 hommes pour renouveler les rails du chemin de fer ».
On signale dans le journal Le Progrès qu’il existerait deux pouvoirs pouvant développer plusieurs milliers de chevaux-vapeur sur la St-François dans les rangs III et IV du Canton de Weedon. Le premier aurait 27 pieds de hauteur sur une largeur de 60 pieds. Il peut être porté à 37 pieds de hauteur. Et un autre plus petit et moins large, mais ayant 50 pieds de hauteur. Le premier fournirait 7 000 et le deuxième, 5 000 chevaux-vapeur. Les deux sites seraient à vendre.
En décembre, monsieur Paul Péloquin dirige et exploite l’Hôtel du Tricentenaire pour monsieur Louis Bernier qui est hospitalisé. Il tente d’obtenir une licence puisque la paroisse est sans licence. La paroisse semble déterminée à persister dans cet état de prohibition. Monsieur le curé Lefebvre a prêché contre les licences et félicité les autorités municipales pour leur courage et leur sagesse. Weedon et Thetford Mines sont donnés en exemple pour leur fermeté dans la tempérance absolue.
Accidents et décès
On souligne le décès de monsieur Rémi Fortin citoyen de St-Gérard de Lac Weedon. Sa femme tenait le bureau de poste du village. De même, madame L.A. Beaubien y est décédée aussi en ce début de l’année. Puis, ce fut au tour de l’épouse de monsieur Adolphe Lussier. Au début de juin, madame Joseph Morin, née Angèle Fortin, est décédée à 89 ans. Son époux était l’un des premiers colons de notre canton.
Le 15 mars, madame Phélonise Caron, épouse de Joseph Montmarquette, est décédée subitement laissant 8 enfants dont l’aîné n’a que 15 ans.
Monsieur Théophile Champoux du Lac Weedon se rétablit lentement après s’être blessé avec sa hache. Il peut maintenant marcher à l’aide de béquilles après avoir été retenu au lit pendant de longues semaines.
Au cours du mois, les journaux nous apprennent que l’enfant de monsieur Z. Beaupré est gravement malade et que monsieur Norbert Rondeau est aussi dans la même situation. Monsieur Napoléon Tanguay, député à Québec, y a été retenu pendant plus d’une semaine, parce qu’il était atteint d’une grave indisposition.
Affaires judiciaires
Le juge au criminel Mulvena a débouté deux actions. L’une n’était qu’une affaire civile où s’opposaient A. Barbeau de Cookshire et A. Bisson de Weedon pour raison de 1 000 $ avancé sur un millier de cordes de pulpe stationnées au Main Central.
“Un certain pochard, ayant caressé avec trop d’ardeur la dive bouteille, se promenait allant et venant dans les rues de Lac Weedon, hurlant, blasphémant, tempêtant. Après que quelques dignes citoyens lui aient enlevé cheval et voiture et l’aient conduit chez lui, il aurait fait maison nette, femme, enfants, chien, chat et tout y aurait passé.”
Les activités sportives et culturelles
Dès le mois de mai, on annonce qu’un club de baseball est organisé à Weedon et qu’il jouera des parties avec tous les clubs des paroisses environnantes. Ce club espère remporter le championnat de la saison.
Le club de baseball de Lac Weedon a vaincu le club de Garthby, 8 à 1.
Le 22 mai, de la lutte aura lieu à la salle Lemay entre messieurs Beaulieu de Cookshire et Breault de Bromptonville sous les auspices du Club Athlétique de Weedon. Ces deux amateurs sont réputés être les deux plus forts “fier-à-bras ” de nos cantons. Ils avaient eu une première rencontre en février passé.
Les amateurs de pêche espèrent pouvoir jouir des droits de pêche dont ils étaient privés depuis quelques années. Ils pourront prendre la truite dont quelques-uns de nos magnifiques petits lacs fourmillent.
Décès et accidents
À la mi-juillet à Lac Weedon, un travailleur de l’usine de monsieur A. Tanguay a eu le malheur de se faire amputer les quatre doigts de la main droite. Étant cornettiste dans l’Union musicale de Weedon, il a dû mettre fin à son passe-temps favori.
Le 10 août, le journal Le Progrès nous apprend que « deux jeunes garçons se sont fait estropier à la scierie de Lac Weedon, cette semaine. Henri Morin s’est fait lacérer une main par une scie circulaire et Léopold Brière s’est fait écraser un pied par un chariot. Ce dernier risque que l’amputation devienne nécessaire.
Un des plus vieux résidents et premiers pionniers de la paroisse St-Janvier monsieur Édouard Tétreault qui est né à Ste-Rosalie est décédé dans le rang St-Édouard à l’âge de 82 ans. Il vivait à Weedon depuis plus de 50 ans.
En août, une enfant de Jos. Biron qui était âgée de 4 ans s’est fait ruer par un cheval. Elle est malheureusement décédée peu de temps après l’accident.
Au cours du même mois, la paroisse de Weedon perd un de ses anciens colons, monsieur Louis Courchesne, décédé à l’âge de 72 ans. Il a succombé à la suite d’une maladie qui le minait depuis plusieurs années, laissant son épouse et huit enfants.
Dans la même période, monsieur Emmanuel Grenier, entrepreneur de pompes funèbres et époux en troisième noce de Julie Morissette, est disparu à la suite d’une longue et cruelle maladie. Il était originaire de Ste-Rosalie. Cet homme bien en vue dans la région laisse ses deux fils Edelbert et Ulric.
En septembre, un employé suédois de la Northern Mig Co de Weedon a été horriblement brûlé lorsqu’un réservoir d’alcool mytilique a fait explosion. Ce gaz a été en contact avec la lumière d’une lanterne que portait à la main ce travailleur. Sa vie est en danger. Les dommages sont assez considérables.
Un autre accident semblable est survenu lorsqu’un dénommé Mayer a fait sa tournée d’inspection dans la manufacture à Weedon après la journée de travail. Il se produisit une explosion lorsqu’il s’approcha trop près d’une chaudière avec son fanal. Le Dr Lemieux n’a pu sauver la vie de ce malheureux travailleur venu des États-Unis.
En octobre, madame Julie Roberge, deuxième épouse de Jean-Baptiste Saulnier, est décédée à sa demeure située près de l’église. Elle était estimée de tout le monde.
En décembre, monsieur Louis Bernier, propriétaire de l’Hôtel du Tricentenaire, est décédé suite à une grave maladie et son hospitalisation.
Les services de santé
À la fin de l’hiver, de la maladie est présente dans la plupart de nos familles. Le docteur Lemieux soigne la rougeole, la coqueluche, la grippe, la fièvre typhoïde et la consomption. À la fin de période, la population a voulu le remercier pour son dévouement puisque tous les malades se sont rétablis.